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lundi 26 août 2013

Un Keuplou à Paris

Un Keuplou à Paris




Bon, pas d'énervement, nul besoin de trépigner d'impatience en ouvrant cet article : je n'ai pêché que 15 minutes à Paris !

Mission quand même accomplie, je voulais dédouiller sur les rives de la capitale, sur les terres annexées par French Touch Fishing depuis trop longtemps, il fallait rendre à KTF (Keuplou Touch Fishing) ce qui lui revient désormais de droit car le mouvement initié par une poignée de ploucs acariâtres et anti-tout de l'ouest de la France est en train de supplanter l'ancien et désuet mouvement :






Vendredi donc, jour de mon arrivée à la Kapital, le soleil plombe les eaux presque claires de la Seine (si, si), le courant m'a l'air tranquille, ma canne à pêche (PetM Redoutable UL en 1m50) dans mon sac à dos au cas où, j'arrive donc à convaincre femme et enfant de l'immanquable opportunité qui s'offre au keuplou que je suis de remplir sa mission. Je m'octroie donc 15 minutes de pêche, sur l’Île Saint Louis, s'il vous plait, l'endroit où l'immobilier est le plus cher de France. Je descends sur les quais, et avise le pont Louis-Philippe, qui relie l’Île St Louis au quai de l'Hôtel de Ville, juste en dessous de Notre-Dame.

J'enfile un inévitable grass minnow 1,5' sur une tp daiwa rockfishing, je balance au pied le la pile de pont mais j'ai du mal à l'atteindre, monté trop léger et le courant plus fort que mes yeux l'avaient prévus... en même temps, c'est la Seine, pas la Sèvre.
Je me ravise et révise donc le montage avec une TP KFT de 5g, limite de rupture pour ma UL. Ça balance d'un coup super mieux à l'aplomb de la pile du pont. premier lancé, rien. Deuxième lancé, une tape, je ramène encore sur 10 m et re-tape, je twich un peu plus fort pour l'énerver un peu et bing, pendu !

Je ramène en serrant mes fesses potelées, la hauteur de berge est quand même conséquente mais ça ne m'a pas l'air bien lourd au bout, ma PetM UL devrait pouvoir s'en sortir et pan,  au sec la drôlesse :) photo souvenir, contrat rempli  :


On aperçoit l’Île de la Cité derrière moi à gauche et le toit de l'Hôtel de Ville de Paris sous ma canne...

Ragaillardi par cette prise rapide, je relance et même endroit...et laisse un montage au fond. L'endroit est tapissé de gros cailloux, mon montage lourd ne fait pas un pli dès que je lambine trop dans le retrieve  under the bridge.

Je refais un montage et rebalance, et bing pendu, une :pcom:du même calibre et cette fois suivie par 7 ou 8 de ses congénères, beaucoup plus dodues qu'elle. Elle se décroche au moment de la dropper, merde, j'ai peur qu'elle me casse mon coup. Je relance donc aussitôt et à peine deux ou trois twichs, pan, une plus grosse châtaigne cette fois-ci, c'est plus lourd, je ramène fébrilement et découvre une belle perche que je m'empresse de diriger vers des escaliers descendant sur la Seine. Je l’attrape enfin, photo souvenir :



Bon, le temps qui m'était imparti est écoulé, on prévoit une autre sortie le dimanche (hier donc) mais la pluie incessante de la journée d'hier sur Paris a fait tombé à l'eau la partie de pêche...  un peu dégoutté mais je reviendrai !





Mais pour la peine, je vais vous faire une petite visite guidée du canal St-Martin, super intéressante cette petite croisière et fort instructive !

Moment culturel  :)

On prend le bateau sur le Canal de L'ourcq, dans le bassin de la Villette, au niveau de la confluence avec le canal St-Denis.

Puis on descend vers Paris, direction le Musée d'Orsay. Pour la petite histoire, c'est Napoléon qui décide de construire le canal st-martin pour remédier à l'approvisionnement en eau potable de la ville de Paris. Et oui, jusqu'alors, les parisiens sont rationnés en consommation d'eau "potable" à 1l d'eau par jour et par personne. Ce n'est qu'en 1824 que le canal sera inauguré par Charles X.

La capitale est désormais bien approvisionnée en eau potable et sous Napoléon III, les douanes sévissent lourdement autour du canal en raison des fortes taxes à payer pour le commerce du vin, fort bu à cette époque.  Les contrebandiers sont légions et beaucoup de vin est acheté par le parisien sous le manteau.

C'est d'ailleurs de cette époque qu'est née l'expression "mettre de l'eau dans son vin" car grâce au canal St Martin, tout les parisiens pouvaient avoir de l'eau facilement et pas chère, mais le vin devenu quant à lui trop cher en raison des taxes était alors un produit de luxe : on mettait alors de l'eau dans son vin pour rallonger la ration quotidienne.

Une autre expression est née à cette époque. Le vin étant devenu trop cher en France, on le faisait venir d’Italie où il était moins cher. Le vin italien le plus consommé était le Piccolo (qu'on a ensuite cultivé pendant longtemps fin XIXe siècle sur Cergy avec l'encépagement produisant ce vin italien, même si le climat n'a rien à voir ...) qui comme son nom l'indique était un petit vin sucré ... d'où l'expression désormais coutumière : picoler  ! ;)

Bref, il faut savoir qu'entre le bassin de la Villette et l'embouchure du canal sur la Seine, il y a 27 m de dénivelé : il faut donc pas mal d'écluses sur le canal pour descendre cette "pente". Il y en a donc 6 ou 7 au total, toujours pittoresque à traverser :)

A la sortie du bassin de la Villette, on entre vraiment dans le canal St Martin. Ici, c'est là que les mecs de FTF donnent toutes les semaines des cours de pêche gratuit aux gamins...



Le quai de Jemmapes est sur la gauche, le quai de Valmy sur la droite. c'est là aussi que les tentes des sans abris étaient "plantées" pendant la révolte des "Gueux", en 2006 je crois ...

Au loin, on aperçoit l'écluse des morts, en référence au tristement célèbre gibet de Montfaucon, tout proche (il n'en reste rien aujourd'hui). C'est à ce gibet que failli être pendu François Villon, avant que le roi de l'époque, Louis XI, ne lise ses poèmes écrits en prison en attendant son exécution avec ses compagnons Coquillards d'infortune. Impressionné par sa plume, il le graciera et l’excommuniera en Italie au lieu de le pendre.

Au passage, le gibet de Montfaucon était un lieu à part :)
Construit vers la fin du XIIIè siècle, on pouvait y pendre une cinquantaine de personnes d'un coup, qu'on laissait pendant trois semaines : des archers montaient la garde pour que les familles ne puissent pas récupérer les corps et leur offrir une sépulture décente. Les scientifiques de l'époque convoitaient également beaucoup les cadavres des pendus pour étudier l'anatomie, mais la Faculté des Sciences n'avait droit qu'à deux cadavres par an pour les autopsies. Après ces trois semaines d’exhibition, les corps étaient jetés dans une cave sous le gibet, d'où les odeurs nauséabondes dans le quartier à l'époque. Ce n'est que sous Louis XIII et avec la construction de l’Hôpital St Louis, à côté du gibet, que le responsable de l'Hôpital demandera à Louis XIII de démolir le gibet car les odeurs et les miasmes n'étaient pas propices au bon rétablissement des malades. Pour en finir avec Montfaucon, sachez que seuls les hommes y étaient pendus, les femmes étaient quant à elles enterrées vivantes, car on considérait la pendaison comme une sentence trop violente pour leur sensibilité.

Enfin, continuons notre ballade le long du canal avec l'arrivée sur l'écluse des Récollets (je crois), fort jolie :
























C'est à cette écluse que l'on trouve le fameux Hôtel du Nord, du film de Marcel Carné.

















La façade est telle qu'elle était à l’époque. Et voici le fameux pont au pied duquel Arletty balançait à Louis Jouvet son fameux "Athmosphère, ..."





D'ailleurs, pour la petite histoire, le film n'a pas été tourné ici, le décor a été entièrement reconstitué dans les studios de Billancourt.










Bref, ensuite, on continue la balade en entrant dans la partie souterraine du canal St Martin, sur plus de 2 km. Cela donne des images vraiment splendides :



Des puits de lumière parsèment le cheminement, c'est magnifique :




Puis, après être passé sous la place de la Bastille, on sort sur le bassin de l'Arsenal, dernier bassin avant l'entrée en Seine :





Et voilà, la ballade culturelle et fluviale se termine, un petit repos dans le jardin des Tuileries s'impose :